Peinture et arts graphiques

L’art au Togo est le fruit de contingences toutes particulières : tout d’abord politiquement le régime a imposé pendant plus de 35 ans une censure dans les milieux intellectuels ; par ailleurs, par des raisons géographiques et historiques (route du sel, accès vers les pays enclavés du Sahel, colonisation allemande puis française…), le Togo a toujours été à la confluence de nombreuses cultures. Ceci a entraîné l’éclosion d’un art contemporain ” primitif ” ou ” ethnique “.

Depuis quelques années, celui-ci sort de son anonymat41.

Certains artistes se voient offrir des contrats (Comar à Bordeaux, Tafa aux États-Unis…) où certaines de leurs œuvres sont acquises par des institutions publiques et parapubliques (Sokey Edorh au Lehmbruck Museum de Duisburg en Allemagne, Papisko à la mairie de Marne-la-Vallée, Larry Otoo par l’Unicef, Kossi Assou par Handicap international, Wiz Kudowor par l’Afro American Museum de Dallas aux États-Unis, ou encore des fresques à Osaka au Japon…).

Ahyi Paul (1930-2010). Artiste togolais, ancien élève de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris d’où il est sorti diplômé en 1959. Le nombre de médailles et de distinctions qui ont jalonné sa carrière d’artiste et d’enseignant permet de mieux situer l’homme. Entre autres, le diplôme supérieur d’art plastique (Paris 1959), la première médaille de peinture (Paris 1959), la médaille d’or des Arts et Métiers (Paris 1961), la médaille et le premier prix de sculpture du Togo (Lomé 1965) etc. Il a été également nommé commandeur des Palmes académiques françaises et officier de l’ordre français des Arts et des Lettres. Artiste polyvalent (en sculptures, peintures, céramiques, tapisseries, bijoux), il a activement oeuvré dans le domaine du design d’objets usuels et d’architecture d’intérieur. Ses œuvres sont visibles un peu partout dans le monde sous forme de monuments, d’objets ou de tableaux (entre autres des sculptures en acajou aux Nations-unies et au Vatican). Au Togo, on notera la décoration sculpturale de la façade de Sarakawa (710 m), la décoration en céramique murale de la BCEAO à Lomé (250 m), les monuments de l’amitié germano-togolaise. Décédé en 2010, Paul Ahyi a consacré ses dernières années à financer la création à Cacavelli, un quartier de Lomé, avec un espace culturel comprenant un musée dans lequel les artistes peuvent travailler ensemble.

Azankpo Tété Camille. Né le 11 novembre 1968 à Lomé, Azankpo est un artiste plasticien autodidacte. Il expose son travail d’artiste dès 1996 où il présente une création monumentale, Les Épouvantails des champs sur les collines d’Agoe. Il expose tout d’abord en Afrique de l’Ouest où il est remarqué avant d’exposer en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.

Comar Koffi. Il est né le 30 mars 1973 à Lomé au Togo. Artiste plasticien autodidacte, il participe à plusieurs expositions collectives et individuelles. C’est un artiste primitif au sens le plus noble : il n’a jamais étudié l’art et sa touche unique n’est le fruit que de sa seule impulsion ! Aujourd’hui sa singularité et sa force semblent être reconnues plus largement, il expose notamment dans des villes comme Lyon ou Bordeaux.

Sallah Alphonse. Descendant d’une famille d’artistes, de nationalité togolaise, l’artiste-peintre Alphonse Sallah est né le 10 décembre 1972 à Afangna. Très tôt initié par son oncle, Martin M. Sallah, artiste de grande renommée, Alphonse Sallah n’a pas attendu la fin de ses études pour s’immerger dans le monde de l’art pictural. Très jeune déjà, il participait à des expositions et à des rencontres internationales. Après avoir peint à l’huile et avec le couteau, il a choisi les couleurs de la latérite et des cauris pour exprimer ses inquiétudes et ses préoccupations de tous les jours. La plupart de ses œuvres abordent les problèmes quotidiens du monde dans lequel il vit. Aussi accorde-t-il une large place à la femme africaine dans la société, et prône ses valeurs. Ses premières expositions datent de 1992, à Lomé, et, depuis, tant sur le plan national qu’international, ses œuvres ont été saluées et exposées au Bénin, en Côte d’Ivoire et en France.

Sokey Edorh. Peintre et sculpteur né en 1955 à Lomé, Togo. Il vit actuellement à Lomé et a effectué sa formation à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux. ” Sokey revendique une universalité de son art, il a beaucoup voyagé (Canada, Europe, Afrique) tout en restant ancré aux symboliques africaines (latérite, fibres, ustensiles, nattes…) et a amorcé un travail de recherche sur un système d’écriture fait de signes divinatoires, symboles et idéogrammes issus notamment des traditions des Mossi (Burkina Faso) ou des Dogon (Mali). Il revendique une universalité de son art qui, pourtant, semble très ancré dans la culture africaine. Après avoir beaucoup voyagé en Afrique, en Europe et au Canada, Edorh a pris de l’Afrique une substance qui, sous tous les cieux, rappelle cet ancrage : la latérite. C’est avec cette matière infinie, inépuisable et si familière que Sokey construit l’univers pictural qu’il donne à voir. La quarantaine, marié et père de trois enfants, travailleur infatigable, Sokey multiplie les expositions tant au Togo qu’à l’étranger ; il multiplie les expériences, organise des ateliers avec de jeunes peintres des villages togolais. Ses recherches le mènent également au Burkina où il étudie les signes divinatoires. Sokey a fait beaucoup d’émules parmi les jeunes artistes, auxquels il semble avoir donné des bases solides tant pour leurs compositions que pour leur manière d’appréhender l’art. ” (Edwidge Aplogan).

Papisko. Né en 1972 à Agou, il commence à exposer en 1994 et est immédiatement remarqué. En 1994, il expose à Lomé et à Abidjan et, en 1995, à Cotonou au Bénin. En 1998, il est lauréat de la bourse Unesco, et ses œuvres sont récompensées par le prix Aschberg. Il se rend ensuite en France où il signe trois expositions à Paris.

En 2001-2002, Papisko s’installe aux États-Unis et produit des œuvres plus fortes, plus violentes. Papisko est avant tout un artiste primitif. S’il utilise la latérite dans ses premières créations, elle fait place avec le temps à des couleurs plus brutales, telles que le noir, le rouge et le blanc (couleurs du vaudou). À la manière d’un langage haché, violent, brutal, ses toiles expriment sans tendresse le monde contemporain. Elles se font parfois anecdotiques et relèvent alors à la fois de la communication de proximité et de l’art contemporain.

Association Yevi. Enrichir leurs créations respectives, élargir les univers artistiques qui sont les leurs, développer des synergies créatives et constructives, engager des réflexions et des actions culturelles, et ainsi créer pour participer au développement… autant de raisons qui ont poussé à la création de cette association à but non lucratif, dénommée Yévi, du nom de l’araignée en mina, une des langues du Togo. Yévi est un groupe de réflexion, d’expérimentation, d’incitation et de création, principalement axé sur les arts plastiques. Quatre artistes, Emmanuel Sogbadji, Kukoff, Laka et Cham, en sont les fondateurs, renforcés par deux professionnels des médias, Hortense Atipupu et Dieudonné Korolakina.

Laka est né le 2 août 1970, à Lomé. Il s’inspire de l’homme, dans son intégralité, et se pose la question de son devenir. Sa démarche prend pour prétexte la création artistique comme voie de réalisation intérieure. Il est peintre, assembleur, installationiste.

Sogbadji Emmanuel ” Mon travail a la prétention de poser les problèmes causés par l’Homme, afin qu’il les résolve, pour qu’il devienne acteur comme les autres composantes de la dame nature. L’Homme omnipotent, L’Homme omniscient, L’Homme omniprésent… tend vers des limites. “

Kukoff est un artiste dont le travail s’inspire non seulement des réalités de la société contemporaine, mais aussi, et surtout, des richesses culturelles (folkloriques, traditionnelles, artisanales…) de ses origines en pays watchi, ethnie située au sud du Togo. Sa démarche s’appuie sur les matériaux les plus divers : fibre végétale, argile, kaolin, limaille de fer, raphia, acrylique, huile, pastel…

Cham développe une création basée sur l’ordinateur. Peintre et dessinateur à l’origine, il s’intéresse de plus en plus à la vidéo, la photographie, l’installation, la performance… Son travail est une recherche permanente sur les questions de l’identité.

Ainsi, parmi une grande variété d’artistes :

Graveurs togolais
Sculpteurs togolais
Peintres togolais
Kossi Aguessy (1977-)
Joseph Amedokpo (1946-)
Emmanuel Kavi (1970-)
Ankude Kossi K. Leopold (Laka, 1970-)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Résoudre : *
1 + 4 =